Travailleur social; Vous avez dit militant ?
marc on 06/17/2015 updated on 06/24/2015


Le travail social ; c'est parler en écoutant, c'est aider à ouvrir les portes de l'intérieur, c'est créer des circonstances qui proposent des possibles, c’est résister aux certitudes, aux vérités révélées et aux mangeurs de complexité, c'est être le porte voix de ceux qui n'ont plus de voie, c'est donner ce que l'on est, c'est être dans la bonne proximité de cœur, c'est envisager, c'est une ambition solidaire....

Et pourtant, le travailleur social semble aujourd'hui en panne de militantisme...

Cette impression que rien ne peut plus bouger, que plus personne ne réagit, que les mobilisations sociales faiblissent, qu’il n’y a plus de répondant, que le militantisme se perd , que l’engagement se fait rare … donne parfois un goût amer à notre action quotidienne.

Le travail social est atteint par ce réflexe conditionné de nos vies urbaines et modernes: croire toujours que rien ne va marcher, que rien ne va aboutir; ne plus croire aux possibles, aux promesses, aux projets.

Nous baignons dans un pessimisme cancérigène où chacun dans son coin répète et radote que l’initiative sociale et collective, le fait de compter sur les autres, de lancer quelque chose en commun, de rêver ensemble; tout cela … serait perdu d’avance.

Ainsi, c’est un lien social inversé qui est aujourd’hui distillé par nos institutions dont la fonction première devait être de donner des raisons de croire à la société et de produire ce sentiment indispensable « d’un possible social ». A l'inverse, toutes nos structures éducatives et sociales proposent aujourd'hui des radeaux qui promettent la tempête, des bouées qui assurent du naufrage, des laissés pour compte qui interpellent nos valeurs ....

Notre place même de travailleur social est remise en question, et semble de plus en plus dépendre de notre efficience et de notre rentabilité ; Si nous ne nous haussons pas au dessus de nous mêmes et des autres, point de salut !

Les militants de la vie sociale et pédagogues sociaux que nous sommes, travaillent tous les jours tout près et tout contre ce sentiment de l’impossible.

Et pour nous en sortir, nous devons d’abord reconnaître que ce découragement n’est pas naturel, qu’il nous est extérieur; qu’il ne vient pas de la vie. Il faut impérativement recommencer à y croire;

  • Car ce en quoi on ne croit pas, nous empêche de voir ce qui pourait être
  • Car cette croyance à produire dans le possible du social est essentielle; sans elle, les gens ne croiront plus qu’au pire, aux chimères, aux complots , aux races, aux Jihads , aux crises, aux croisades.

Rompre avec cette entropie suppose que nous, travailleurs du social, fassions à chaque instant la preuve qu'il existe des possibles et que nous comprenions que cette preuve est souvent plus importante que ce que nous faisons.

Et pour y parvenir, il faut habiter nos actes, personnaliser nos relations professionnelles, animer nos propres actions, etc. Derrière la quotidienneté et « l’ordinarité » de nos actions, se cache un élément exceptionnel que nous distillons: nous produisons du possible.

Nous faisons pousser du possible là où il ne pousse pas; nous l’arrosons là où il  ne pleut pas ; nous le faisons grandir, advenir, là où tout est abandonné.

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