Raconter pour dénoncer, se forcer pour se libérer
marc on 08/16/2022


La parole se libère parfois. Elle est rare et difficile. Risquée aussi. Les corps expriment ce combat intérieur : les mains se tordent, se réfugient dans des jambes entrecroisées, en posture de défense, les lèvres mordillées. Article "La Voix du Nord" - Par Élise Forestier (Photos Julie Sebadelha) - Publié: 14 Août 2022

Il y a celles qui ont déjà fait un passage ici, à 18 ans, à la fin de l’aide sociale à l’enfance, qui ont débarqué à nouveau à cause d’un homme qui séquestre ou oblige à faire la manche. Celles qui sont venues du Maghreb pour suivre leur conjoint avant qu’il ne change de visage une fois en France, quand elles étaient loin de leurs racines, de leurs proches. Elles ont parfois tout quitté, pour recommencer avec ce conjoint qui les a trahies. Subi des fausses couches à cause des coups.

Il y a celles qui ont été mises à la rue pour avoir voulu s’émanciper, à qui le conjoint a récupéré le numéro de téléphone et fait courir des rumeurs au pays. La destruction totale, après l’emprise et la domination. Celles qui se sont enfuies parce que les violences étaient foudroyantes, laissant derrière un bébé. Celles suivies depuis plus de dix ans, embarquées dans « un couple impossible » depuis bien plus longtemps, qui résistent difficilement à l’appel de la rue.

Il y a les sorties de prison de cet ex que l’on redoute. La boule au ventre après avoir recroisé le mari par hasard. Le stress de celles que le conjoint maintient dans une violence psychologique, en ne prévenant pas quand elles pourront récupérer leur enfant. Surtout, il n’y a pas de règle, elles ont la vingtaine, la trentaine, la quarantaine et même plus. Mais elles ont eu la chance de trouver une porte ouverte pour les accueillir lorsque le pire est arrivé.

 

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