Pour une politique de l'investissement social
marc on 06/17/2015 updated on 06/24/2015
Nicolas Sarkozy avait placé la « valeur travail » au centre de ses campagnes électorales, en appelant au « peuple qui travaille » et pointant du doigt, en filigrane, les « assistés » qui choisiraient de vivre des minima sociaux.
En mai 2011, Laurent Wauquiez ministre de l’enseignement supérieur du gouvernement Sarkosy, a pu ainsi lâcher sa formule sur « l’assistanat, cancer de la société française »
Et oui.... Les pauvres ne votent pas. Ou plutôt, ils ne votent plus. La formulation peut paraître abrupte, voire péremptoire. Pourtant, lors de tous les scrutins, locaux ou nationaux, à de très rares exceptions près, les plus forts taux d’abstention sont relevés dans les quartiers défavorisés. Que dire aussi de l'absence totale, ou presque, d'électeurs chez les personnes en situation de précarité accueillies par nos structures!
Ainsi, en tapant sur les pauvres, on ne perd pas de voix ... Au contraire, on en gagne... celles des français mécontents qui se réfugient dans la facilité et la lâcheté qui consiste à accuser l'autre de tous ses problèmes; l'étranger, l'homosexuel, l'Europe... et maintenant le pauvre!
Dans une société devenue de plus en plus individualiste, quoi de plus simple que d'opposer les uns aux autres!
Dans un tel contexte, des accusations redondantes d’assistanat sont souvent opposée aux associations et aux responsables des politiques sociales, et les dispositifs de lutte contre la pauvreté sont de plus en plus souvent accusés d’entretenir l’oisiveté de ceux qui en bénéficient. Par ricochet, les associations sont accusés de profiter de l'argent public et leurs actions interrogées « à charge ».
Si l'action sociale n’a pas de prix, il semble que son coût ne soit aujourd'hui plus légitime!
La loi, la charité religieuse, la fraternité affichée au fronton de notre république... tous les fondements de notre société plaident pourtant pour une obligation d’assistance (il faut effectivement bien distinguer assistanat et assistance) à personne en danger...
Il est vrai que, sur bien des sujets, nous ne pouvons que constater l’échec de l'État providence... et ce constat est aujourd'hui largement renforcé, en période de crise, alors que les besoins sociaux ne cessent d'augmenter.
Mais l'exclusion n'est pas une fatalité et nous n'avons pas le droit d'abandonner nos concitoyens les plus fragiles !
Il faudrait maintenant passer à un État d’investissement social ; « En clair, il s’agirait d’investir en amont plutôt que de donner réparation quand le risque se déclare (expulsion, exclusion, etc.).
Rappelons d'ailleurs qu'une enquête récente atteste que 41% des français considèrent aujourd'hui avoir été confrontés à une période de précarité au cours de ces trois dernières années, pour eux-mêmes ou pour un proche, ce qui démontre bien que la question de la mise en œuvre d'une véritable politique de prévention est essentielle pour l’ensemble de la population qui sait bien que les frontières entre la fragilité, la précarité, la pauvreté et l’exclusion sont maintenant devenues extrêmement ténues.
Dans ces conditions, une politique ambitieuse d'investissement social ne nous parait pas être une dépense optionnelle mais bien un investissement nécessaire qui bénéficierait à la société toute entière, et pas seulement aux plus pauvres.
"Investir durablement dans des politiques de prévention et d’accompagnement vers l’autonomie permet d’abord aux personnes touchées par un accident de la vie de rebondir, mais offre, aussi et surtout, à la société toute entière un « retour sur investissement » inestimable, en matière de santé publique, de sécurité ou de capacité de production et d’innovation" (FNARS).
Espérons que les évolutions en cours nous permettent d'activer nos consciences endormies et de mobiliser les nombreux acteurs des politiques solidaires (politiques, associatifs, etc.) pour reconstruire, ensemble, l'action sociale de demain...
"C'est moins le bruit des bottes qu'il nous faut craindre aujourd'hui, que le silence des pantouffles..."
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