La relation d'aide
marc on 06/17/2015 updated on 06/24/2015
La relation d'aide désigne généralement l'accompagnement de personnes en situation de détresse morale ou en demande de soutien.
Cette relation se réalise nécessairement avec beaucoup de considération pour la personne aidée, en lui accordant beaucoup de liberté et de confiance.
La posture de l'aidant consiste ainsi, d'abord, en une ouverture d’esprit à autrui.
C'est une forme de relation privilégiée où la personne (le quelqu’un) compte plus aux yeux de l'aidant que l’information échangée (le quelque chose).
Il est ici souhaitable d’envisager cette rencontre avec l'autre sans aucun pouvoir, ni « pour le bien » de l'autre, ni contre ses symptômes, ni contre la raison de ces symptômes, ni contre ses « résistances ».
L’aidant ne fait qu’accompagner ce qui se produit déjà.
Il ne s’agit pas, pour l'aidant, de résoudre un symptôme, mais de reconnaître l'autre dans ses ressentis. Il s’agit de l’accompagner dans ce qui se passe déjà en lui et non de le changer ou de le combattre. Le symptôme est l’indice d’une émergence qui peine à faire surface. Donc l'aidant aidera la personne à formuler, à reconnaître, à donner sa juste place à cette émergence.
Il n'appartient pas à l'aidant de décider à la place de l'aidé. Au contraire, il faut être très attentif à l'autre qui seul « a les clés de chez lui ».
« La porte du changement ne peut s'ouvrir que de l'intérieur » (Jacques Salomé). L’aidant saura ne jamais rien forcer ni imposer.
Si l'aidant n'est pas un thérapeute, la relation d'aide a des vertus thérapeutiques.
L’aidant n’est surtout pas interventionniste, mais il n’hésitera cependant pas à poser des questions pour aider la personne à accéder à ce qu’il y a en elle. La relation d'aide repose, avant tout, sur l'écoute active.
Pour paraphraser Epictetus, "On a deux oreilles et une bouche... on doit donc pouvoir écouter deux fois plus que parler..." Écouter est le fondement de toute relation humaine et reste la meilleure preuve d'estime et de respect pour quelqu'un.
Écouter est ici une attitude de cœur, un désir authentique d'être relié à l'autre. L'aidant est ainsi à la fois ouvert et relié à l'autre.
Chaque personne est la seule à pouvoir accéder à ce qu’il y a en elle. Cependant, pour y accéder, elle a parfois besoin des questions et de la présence de l’aidant, qui lui ne sait rien. Et c’est justement parce que l’aidant accepte de ne jamais savoir à la place de l'aidé, qu’il sera un bon accompagnant.
C’est le principe majeur de l'accompagnement. Accepter d’être « aveugle » et de ne jamais voir à la place de l'autre permet de bien le guider vers ce qu’il y a en lui et qu’il est le seul à pouvoir « voir ».
Quand les fractures intérieures peuvent être réconciliées, la relation d'aide peut alors devenir accompagnement, sachant que ces deux démarches s'entrecroisent et se consolident l'une l'autre.
Notre passé nous forme, il nous explique, mais il ne nous oblige en aucune façon. Du passé oppressant au présent trépassé... on souffre surtout de n'avoir pas de futur. L'accompagnement écoute le passé, s'inscrit nécessairement dans le maintenant et l’ici et vise à créer les circonstances qui ouvrent des possibles.
Un accompagnement, c'est marcher avec la personne, à partir de son projet, en avançant en fonction de ses envies, ses rêves, ses compétences, ses besoins...
Il faut se méfier de la fonction normalisatrice (normopathique devrais-je dire !) de l’accompagnement social. Viser l’autonomie, c’est aussi aider à être libre par rapport à la norme…
Il s'agit, en fait, d'amener l’autre à être auteur et acteur de ses propres transformations, en lui permettant de renforcer sa confiance en soi, en consolidant les liens sociaux et les solidarités dans ses lieux de vie, en facilitant son accès au droit commun, en permettant à ses capacités de devenir des compétences, etc.
Gandhi avait l’habitude de dire: « Tout ce que vous faites pour moi sans moi, vous le faites contre moi ».
Voilà bien résumé le sens sur lequel se fonde impérativement notre travail au service de l'autre.
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