"J'ai envie de crier aux femmes, n'ayez pas peur, osez parler".
marc on 11/30/2016


La campagne d’action contre les violences faîtes aux femmes a débuté vendredi et dure jusqu’au 6 décembre. Le but est avant tout de briser le silence. À Lens, la structure "Accueil 9 de cœur ", créée en 1989, accueille des femmes exclues. 60 % d’entre elles sont victimes de violences conjugales. Témoignage. Article La Voix du Nord - par ÉLODIE RABÉ | Publié le 28/11/2016

Il y a quelques années, Flora (*) était une femme «  comme les autres  », avec un travail, une situation sociale.

Et puis, «  l’accumulation de petites choses  » et c’est la dégringolade. La trentenaire se jette à corps perdu dans l’alcool, pensant, à tort, que cette potion miracle va l’aider à s’en sortir. Le breuvage deviendra son pire ennemi. Les mauvaises fréquentations qui vont souvent de pair ne la porteront pas non plus vers le haut. Au contraire. Son nouveau compagnon l’entraîne petit à petit dans une descente en enfer. «  Il me prenait mes clés, me séquestrait », raconte Flora, capable de revenir sur son parcours, maintenant que le temps a passé.

La violence montera crescendo. «  Il me battait, me violait…  » Les services de police avaient pris pour habitude de secourir la jeune femme victime. Jusqu’à la fois de trop. Il y a un an. « J’étais dans un piteux état, «Monsieur» m’avait roué de coups…  »

Les fonctionnaires de police décident d’envoyer Flora au 9 de cœur, structure lensoise dédiée essentiellement aux femmes et aux familles en situation d’exclusion. «  Je ne connaissais pas cette association mais elle m’a permis de réapparaître, les équipes m’ont sauvé la vie.  » L’accompagnement commence par une hospitalisation stricte pour sevrage alcoolique. Puis, un pas après l’autre, Flora retrouve le chemin de la vie sans violence.

Après être passée par les chambres d’urgence et l’internat, Flora est désormais logée dans un petit studio du 9 de cœur. Un logement qui lui permet d’avoir son indépendance, tout en étant entourée par l’équipe de travailleurs sociaux.

«  Sans eux, Dieu sait où je serai aujourd’hui. Ça me permet de me retaper. J’ai envie de crier aux femmes victimes : n’ayez pas peur, osez parler ! » Âgée de 39 ans aujourd’hui, la Lensoise poursuit son combat pour pouvoir récupérer son fils de 6 ans, placé en foyer. «  Après, je redémarrerai à zéro dans une ville où je serai anonyme. Je viens de fermer un livre, je vais en ouvrir un autre.  »

«Au 9 de cœur, un taux d’occupation de 140%»

Créée le 9 septembre 1989 par neuf femmes, l’association 9 de cœur a élargi son plan d’action d’années en années.

D’abord lieu d’accueil pour l’ensemble des femmes, la structure a vite été plébiscitée par les victimes de violences conjugales. Dès 1991, elle obtient le label CHRS – centre d’hébergement et de réinsertion sociale – avec trente places d’accueil au départ. Petit à petit, la capacité augmente pour atteindre les 100 places aujourd’hui.

De l’hébergement d’urgence est prévu avec un « hôtel » de quatre chambres et douze places dédiées ainsi que 80 places de logements « hors urgence ». Il y a de l’accueil de jour, des studios et des appartements pour accueillir les familles.

60 % de ces places sont occupées par des personnes victimes de violences conjugales. Et si le 9 de cœur s’adresse avant tout aux femmes, deux hommes sont actuellement logés au sein de la structure. «  Notre action concerne toute personne en situation d’exclusion, nous ne laissons personne sur le côté  », assure Marc Demanze, le directeur de la structure. Le 9 de cœur répond à 100 % des demandes, 24 h/24 h. Et malgré l’évolution de la société, les cas de détresse sont toujours aussi nombreux. «  Le taux d’occupation est de 140 % ! Preuve en est, on est obligé de fermer la salle de jeux des enfants 150 jours par an pour accueillir une famille.  »

Chaque personne est protégée dans les situation d’urgence mais aussi accompagnée dans la durée pour construire un projet, grâce à une équipe de vingt travailleurs sociaux. «  On redéfinit un projet de vie, pour que les gens se reconstruisent.  »

 

Retour aux articles

Comments


You must be loged to add a comment !