Violences conjugales: savoir les reconnaître, avec ou sans lunettes noires
marc on 11/27/2016
Article de la Voix du Nord, par CAMILLE RAAD | Publié le 26/11/2016
Vendredi était lancée la campagne contre les violences faites aux femmes. À Annay, l’association 9 de cœur donnait des clés pour entendre et décoder ces cris de détresse, même lorsqu’ils sont étouffés.
« Il y a cette personne, qui est arrivée à la mairie avec de grosses lunettes noires pour cacher un œil au beurre noir. Le stéréotype de la femme battue. Quelqu’un qu’on connaît, habitué des services de la ville. » Cette situation, les agents de la Ville la pressentaient, « mais la violence n’a jamais été abordée par la personne. On n’avait jamais eu l’occasion de lui en parler. Ce jour-là, on l’a saisie. On lui a donné des informations sur les aides, les démarches, etc. On a eu un mur face à nous. Mais maintenant, elle sait qu’on sait. »
« Parfois, les personnes viennent parler d’une difficulté en voulant en montrer une autre »
Parfois, il n’y a pas de lunettes noires, pas de signe distinctif. Le diable se cache dans les détails. « Ça peut être une personne qui vient pour un paquet de couches, par exemple, explique Stéphanie Pillion, travailleur social et thérapeute à Systemia, service de consultation de l’association 9 de cœur. On peut prendre le temps de l’accueillir, de lui demander pourquoi elle n’en a pas chez elle, etc. Des petites questions qui peuvent permettre de comprendre. Parfois, les personnes viennent parler d’une difficulté en voulant en montrer une autre. » L’arbre qui cache la forêt, dans laquelle même des pros du social se perdent.
Alors vendredi, si la réunion était ouverte à tous, dans la salle des mariages d’Annay, ce sont surtout des travailleurs sociaux qui ont répondu à l’appel : CAF, médiatrice familiale, secrétaire d’accueil à la mairie, au CCAS, éducatrice du relais d’assistantes maternelle, responsables de l’association des parents d’élèves… « Dans le social, il est essentiel de travailler en partenariat, en réseaux. Partager les difficultés, les erreurs, les expériences, avance-t-on dans la salle. Il est plus facile d’orienter quand on connaît. » Afin de prendre par la main ces personnes et les aider à retrouver leur chemin, même au milieu de la forêt. Même si parfois, elles préfèrent y rester cachées. « Accepter de ne pas être Dieu. »
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