08 juin 2017; Assemblèe générale
marc on 06/09/2017
Le 08 juin s'est réunie notre assemblée générale ; Un temps fort de l'association
Ci-après le rapport moral de Madame Anne Marie Vancauwelaert, Présidente:
Bonjour.
Je commencerai mon propos en remerciant chaleureusement chacun d'entre vous d'être venu enrichir de sa présence notre assemblée générale, qui vient aujourd’hui conclure l'exercice 2016.
Je profite d'ailleurs de cette opportunité qui m'est donnée, pour honorer les très nombreux partenaires de notre association, pour leur collaboration constructive, souvent même leur engagement complice, notamment lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre des actions visant à la prévention et à la lutte contre ce fléau majeur que sont les violences conjugales.
Sans cette synergie remarquable, nos actions ne seraient que l'ombre de ce qu'elles sont. Merci donc aux financeurs (État, Conseil général, les communautés d'agglomération de Lens-Liévin, d'Hénin-Carvin, d’Etaples et de Saint Pol sur Ternoise, la CAF 62), aux municipalités, aux associations partenaires, aux bénévoles et professionnels de l'action sociale et médico-sociale, aux organismes publics et aux administrations, au Louvre Lens, au service culturel de la mairie de Lens, aux centres sociaux ... Ces très nombreux soutiens nous sont quotidiennement précieux et contribuent pleinement à ce que se développe une chaine de solidarité efficace, qui nous permet de proposer des solutions diversifiées de qualité aux personnes qui nous sollicitent chaque jour …
La lutte contre les injustices et contre l'exclusion est un combat particulièrement difficile et je tiens donc, aussi, à rendre un hommage appuyé à l'ensemble des salariés et bénévoles qui sont, au sein de notre association, au front de ces batailles quotidiennes. Merci infiniment pour votre travail, votre engagement, vos valeurs partagées, vos folies créatives et le bonheur contagieux que vous déployez en participant à cette œuvre collective.
Courant 2016, notre équipe a connu son lot de changement, avec l’arrivée d’une nouvelle cheffe de service, Aurèlie, que je remercie particulièrement pour son dynamisme éclairé et son professionnalisme militant, avec aussi le départ de Benoit Deleplace, éducateur du CHRS depuis de nombreuses années, parti pour assurer des responsabilités dans une autre association, avec Sophie qui s’en va et qui revient (comme dans la chanson), et Christelle, Tatiana, Nicolas, Virginie, Magali, puis Leslie, Camille, Fatima et Judith venu(e)s, avec réussite, étoffer l’équipe sur diverses missions de remplacement ou de renfort … Je désire aussi émettre ici des vœux de rétablissement à Valérie, Cathy et Corine qui sont actuellement souffrantes, et féliciter Audrey et Jael pour la naissance de leur enfant. Départ, arrivée, maladie, naissance - Le président Hollande aurait probablement apprécié, la vie de notre équipe est tout à fait normale !
Comme vous le verrez ensuite, les chiffres de 2016 sont bons, malheureusement trop bons !
L’année se solde par un excédent comptable de 15 595.11 euros, toutefois conjoncturel, et l’activité est florissante ; de très nombreuses actions, 314 personnes hébergées, des taux d’occupation des dispositifs d’hébergement supérieur à 104%, 632 personnes accueillies en lien avec les violences conjugales, …
Mais ces résultats qui pourraient être flatteurs pour un regard purement gestionnaire, soulignent au contraire la montée inexorable des difficultés sociales et humaines de notre territoire. Par exemple, aujourd’hui, près de 95 % des demandes de femmes isolées sont refusées dans l’urgence, hors violences conjugales, faute de place.
Je rappellerai donc la phrase de l’Abbé Pierre qui déclarait qu’on ne pleure jamais lorsque l’on connait la misère que par les chiffres. Notre quotidien est complexe et se tisse sur des histoires déchirées, souvent faites de souffrance, de précarité, d’isolement, de violences subies, etc.
Mais les chiffres, parlons-en pourtant encore ! Alors même que la précarité touche de plus en plus de personnes, que l’on déplore une massification exponentielle des situations de détresse, que parallèlement on doit faire face au poids croissant de nos charges de travail, on subit aujourd’hui une tendance lourde qui se construit sur la désastreuse ambition de faire des économies, à tout prix et à n’importe quel prix !
Restriction des budgets, mutualisation des moyens, appel d’offre ou marché public, convergence tarifaire, … Mais comment comprendre l’indifférence marquée par le cynisme des propos parfois tenus dans ce cadre ? Et qui sera comptable des conséquences de ces choix économiques drastiques ?
C’est l’humain qui doit toujours compter, et non l’inverse ! Dans une société construite sur l’égalité et la fraternité, il est impensable que l’on refuse de mettre la main à la poche lorsqu’il faut la tendre pour aider celui qui en a besoin pour se relever !
Rappelons-nous la phrase de Saint Exupéry ; "Une démocratie doit être une fraternité ; sinon, c'est une imposture"
Nos missions d’accueil et d’accompagnement sont essentielles pour la cohésion sociale de notre société et nos concitoyens de la précarité ! Notre expérience me permet d’ailleurs d’affirmer avec conviction que l’action sociale est un investissement rentable pour notre société !
Dans un tel contexte, je crains que nous soyons bientôt dans l’obligation de resserrer nos interventions sur la commande publique et de ne plus assurer certaines initiatives extraréglementaires que nous déployons aujourd’hui, avec la préoccupation de servir au mieux les publics accueillis … D’ailleurs, Systémia a d’ores et déjà commencé cette dynamique à contrecourant des besoins, en refusant de poursuivre une action visant la sensibilisation des habitants, dans le cadre de la politique ville et en envisageant de mettre un terme à des formations pourtant largement plébiscitées…
C’est donc un rapport empreint de paradoxe que je vous livre ici, qui propose à la fois un satisfecit éclairé par le quotidien d’une association vivante de multiples projets, habitée par des valeurs humanistes partagées, développant un travail d’une qualité reconnue …. Et une inquiétude grandissante pour l’avenir, fleuretant aujourd’hui avec la colère, qui résonne des coups de béliers organisés par des pseudos nécessités économiques, à notre avis suspectes et condamnables !
Alors, au-delà de l’aboutissement de la démarche de réécriture de notre projet d’établissement et de la nécessité de poursuivre le travail amorcé, pour mieux faire et correspondre davantage encore aux besoins repérés, je pense que nous avons des combats difficiles qui nous attendent, et qu’il va falloir maintenant affirmer nos convictions sur l’efficacité de notre travail de solidarité, efficacité autant sociale qu’économique.
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